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Rencontres insolites
3 octobre 2017

Ciel de nuit

Hier encore, je me demandais comment j allais concilier ce qui me tourne à l intérieur depuis si longtemps.  Et, j'ai rêvé ...

...Je marche dans de hautes herbes , belles, vertes et ondoyantes. Devant moi, à quelques mètres un homme marche aussi, plus rapide que je ne peux le suivre. Je presse le pas pensant qu'il connait l'endroit. Nous cheminons l'un derrière l'autre vite, toujours plus vite. Il ne semble pas se rendre compte de ma présence. Sans bruit, je pose avec effort mes pas dans ses empreintes laissées sur le sol spongieux. L'air est humide, chargé des senteurs de la journée. La lumière du ciel s'éloigne. Je m'enfonce dans l'obscurité naissante, sans pensée, essouflée à ne pas le perdre de vue. 

Abruptement, sans douleur, je tombe. Le vide. Le cri muet. Mon corps s'agrippe à la branche d'un arbre dénudé et je reste pantelante, effrayée, accrochée. 

J'ai chuté d'une falaise. 

Lui, devait connaitre ou poser le pied dans les interstices de cette roche friable. 

Un mal de mer me submerge, envie de vomir. 

La branche est ronde sous mon ventre, elle est rude et nue. Je me colle à elle. Je veux reculer vers le tronc. Mon corps se laisse glisser vers l'avant. Valse folle dans ma tête, dans les tripes. J'ai peur, je ne comprends pas. Je veux le vertige, que tout redevienne comme je sais les choses. Mon dieu, le vertige et je saurai que faire.  

Au fond de moi, je sais bien que je ne saurai pas. C est si haut , si noir. L'air est impalpable, n'existe plus. Je ne respire plus. je suis la sangsue accrochée à cette jambe levée. Je me liquéfie contre elle pour être sa substance, pour exister soutenue. Je regarde la nuit, le noir. Absolu, éternel. La lune est partie. Il me vient que c'est un cauchemar. un vilain rêve de petite fille qui s'en va rôder le jour, seule dans la campagne interdite. 

Je veux m'en aller. Je veux me calmer, descendre de cette branche. l'odeur de l'arbre me pénètre, sa solidité s'installe sous mes mains, sa dureté pose ma poitrine, détend mon ventre. Mes cuisses et mes jambes se remettent à vivre, à se repérer. Elles vont à nouveau me servir. La tension qui m'étreint me lâche dans un accès de nausée. Une stabilisation douce, subtile.

Souffle. 

L'arbre frémit, la branche bouge. Je vais tomber, m'écraser d'une hauteur que je ne connaitrai jamais. Je me sens mourir avant de comprendre. Mon corps glisse à nouveau, trop vite. Je sens tout ce qui blesse. La rugosité, les noeuds, l'écorce noire. les excroissances. Je vois la non vie de cet arbre presque endormi pour son hiver. Les herbes folles et la chute définitive des feuilles. C est inimaginable, je vais me réveiller. 

Le sac que je retenais encore m'échappe. J entends le bruit tout proche de sa chute. 

La confiance s'élève en tourbillon. Un sourire au coeur des larmes. L'aube se lève. Il fait doux, l'air sent  bon. Je suis calme et je saute à terre. 

Personne à ma vue. Pourtant, je sais que plus loin, passée la lande de terre nue, il y a les autres, les miens. 

 

De sa ronde écriture, ma mère avait déposé sur un papier de soie , son tourment et son rêve au printemps de sa maladie. 

 

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