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Rencontres insolites

2 décembre 2017

Au pays des passions

J'aime le regard soutenu des enfants qui cherchent les pièces manquantes d'un puzzle. Certains sont rapides à les reconnaitre. D'autres hésitent à toucher la forme, la couleur ou le dessin qui pourraient trouver sa place. D'autres encore, avec un nouvel éclat dans leurs prunelles, jettent celles qui résistent à l'ensemble, au détail choisi pour s'inclure dans le tableau. 

L'expression de leur visage peut-être celle du ravissement d'avoir trouvé. La bouche s'ouvre au sourire ou à l'exclamation. Quant à la main, elle peut porter au regard une parcelle toute petite d'une image qui pourrait reléguer le puzzle à la frontière de l'intérêt tant la découverte est entière et vive d'émotions. 

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18 octobre 2017

La trame dévoilée.

 

 

16 octobre 2017

Espace temps sans invention

Nous avions eu mille terreurs, cette  situation trainait depuis des mois. Ce jour-là, devant cet Hopital psychiatrique nous luttions pour avancer comme si des rafales de vent nous freinaient. Monter les escaliers avec des chausssures de plomb. S'empêcher de s'accrocher à maman qui s'accrochait à nous. Respirer l'air de Marsens, comment le laisser entrer dans nos poumons puisque c'est le village ou vivent les fous?

La terreur suprême sur le moment fut de pousser la porte en n'ayant vu personne. Il faisait froid dehors, les thuyas cachaient les fenêtres du bas. Ou étaient les yeux hagards des enfermés? ou étaient les mains qui étreignaient les barreaux? Le silence nous broyait le ventre. Maman faisait ses petits pas , petits petits. Elle a peut être, ce jour-là, opté pour marcher si lentement qu'elle a pu, 45 ans durant, déplacer doucement son mal être d'un endroit à un autre sans tomber et mourir de honte. 

Ils nous ont reçus, ils l'ont prise et sa chambre n'avait pas de poignée pour ouvrir la fenêtre et pas de poignée à l'intérieur de la porte. 

La terreur de ne pouvoir faire marche arrière pour la reprendre .. 

16 octobre 2017

Joli mai.

Une belle journée de printemps ou tout n'est que lumière et douceur. 

Le couple avait terminé ses achats au centre commercial du village et s'en retournait chez eux. Leurs deux petits garçons s'étaient montrés si sages qu'ils décidèrent de les laisser jouer devant leur immeuble. La jeune maman installa le cadet dans le bac à sable avec quelques pelles et râteaux tandis que le plus grand rejoignaient ses copains.

Elle se mit à ranger ses courses. Dehors, son mari disait au revoir aux enfants et partait pour un rendez-vous sportif. 

Mille bruits se conjugaient pour que ce samedi matin devienne une sympathique journée de détente. Les locataires arrivaient et partaient, le sourire ou un bonjour fleurissant leur bouche; chacun ayant en tête de profiter de ce si beau jour. Le concierge passait la tondeuse tout en sirotant une bière, pendant que les gosses chahutaient dans l'herbe fraîche. 

Leur appartment était de plain-pied. 

C'était si simple de s'activer quelques minutes à l'intérieur, de sortir contrôler le petit de deux ans jouant dans le sable. Elle l'avait si souvent regardé remplir et vider son seau, l'air concentré sur son travail d'enfant. L'ainé, Justin, ne lui faisait pas de souci, il criait si fort avec les grands qu'elle l'entendait à travers les murs. 

Vite, faire un lit et sortir jeter un coup d'oeil. Faire un second lit et sortir une nouvelle fois. Rentrer à nouveau, se dire : "C est agréable qu'il puisse s'amuser au doux soleil du printemps". Finir de tirer les draps du lit conjugal, lisser le léger duvet, tapoter les coussins. Etre satisfaite. Le minimum de ménage étant fait, elle ressortit avec l'idée de s'asseoir sur le bord du bac à sable, de profiter et prendre un moment de répit avant le retour de son mari. Le petit ne la regarda pas, elle pensa: "Quel gentil garçon, il joue sagement et je peux encore avancer dans mon travail". Elle s'affaira à nouveau, quelques minutes dans l'appartement. Contente, légère, elle ferma la porte de son appartement pour aller chercher son petit bonhomme. Justin pourrait attendre l'arrivée de son père s'il le voulait. 

C'était la première fois qu'elle laissait son second fils, hors de sa présence, dehors. Le couple s'était même fait la réflexion qu'il n'était pas seul, puisque plusieurs enfants s'amusaient dans le jardin et que quelques adultes étaient présents. 

Elle descend les trois marches, regarde le bac à sable. Paul n'est plus là, à planter sa pelle avec ardeur, le sourire aux lèvres. Elle n'a pas peur, il est tout près, du moins elle se l'imagine. Justin vient vers elle, il n'a pas vu son petit frère. Elle promène son regard dans l'allée de l'immeuble, sur la route. Elle se met à marcher sur le gazon tout en appelant : Paul, Paul, ou es-tu?  Elle n'a pas peur, pas encore. 

Le chemin est libre de voitures et l'arrière de l'habitation est protégé par une haie de thuyas. Les pensées commencent à déferler dans sa tête, la peur s'infiltre, collante, insidieuse. Elle appelle toujours son enfant, elle demande aux voisins. Personne ne l'a vu passer. 

Presque en courant, elle contourne l'immeuble. 

De l'autre côté de la haie, il y a le train qui crisse des freins. Il s'arrête lorsqu'elle se met à courir , courir. Elle a vu le regard du conducteur. Elle sait, elle sent déjà que plus rien ne sera comme avant. Un hurlement monte en elle. Elle ne le laissera pas sortir durant de longues années. 

 

 

5 octobre 2017

Noces de Cristal

 

La mise en terre se passa la veille et je dormis toute la journée  du jour suivant. 

Le temps s'effilocha, les nuits s'allongèrent.  L'hiver se fit printemps, je retournai humer la terre ou poussent les morilles. 

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4 octobre 2017

Les accords du puzzle.

Devant moi, la ruelle ouvrait sur une large avenue bordée de vieux arbres immenses et dénudés de leurs feuilles. Aussi loin que portait mon regard, à droite et à gauche, les arbres s'alignaient. Barrière d'écorces, de branches décharnées et folles, raidies par un souffle éteint. Ligne sans fin, mes yeux ont cherché plus loin encore, l'autre côté du bitume sombre. Là aussi, une rangée d'arbres transis. 

Je ne pensais pas, ne sachant d'ou je venais, mon pas ayant pris naissance quelques mètres avant d'apercevoir la jonction des rues. Je sentais le sol dur sous mes pieds nus. 

- J'avais donc les pieds nus. 

Il me parut que je connaissais les chaussures. Sans trop savoir pourquoi, j'acceptai que mes orteils fussent à l'air, un pantalon large couvrant mes jambes. Je me regardai le corps et découvris que je portais , sur mon ventre, une ceinture de tissu nouée souplement. Les pans d'une chemise en débordaient quelque peu. je n'étais pas nue. Une légèreté m'envahit. Je relevai le regard droit devant. 

Rien n'avait bougé. Aucune maison n'étais venue se poser en un vol silencieux. Personne n'avançait à pas rapides, marche élégante ou allure nonchalante. 

J'aurais tout attrapé pour remplir ma tête prise de stupeur.

A l'arrêt, ébahie par cette avenue bordée d'arbres, subitement, il me sembla que le monde s'éteignait.

La solitude m'entoura le coeur d'une lumière tremblante. Je sursautai et tentation ultime pour voir, je découvris la rainure noire du caniveau. Elle semblait frémir, palpiter, onduler. Je fis un pas, puis deux, mes yeux sondant cette ligne mouvante. La frayeur ne l'emporta pas, elle était bloquée par le spectacle hallucinant qui s'offrait. Des mil milliers de serpents fins comme des joncs s'enlaçaient, en une ligne continue couleur bronze, à mon regard envouté. 

Au bord du gouffre de la peur, je crus que la mort avait tout saisi et qu'elle allait, mon tour venu, me prendre par mes petits pieds à la nudité tentatrice. Ma hanche sut se reculer d'un mouvement rude. La foudre de la terreur qui s'incarnait enflamma mon cerveau d'un savoir ancestral. 

- Je dois faire quelque chose, je ne peux pas laisser ça, là. 

Un sac, deux sacs à poubelle. A peine pensé, ils étaient dans mes mains moites. Je repris force. Quittant des yeux le bord de l'avenue et de ce que je n'osais croire, je glissai un sac dans l autre. Cela me parut plus solide pour y enfermer ces choses. 

Je murmurais: - Là, là , comme ça, ça va aller. 

Le sac doublé de son double me sembla aussi grand que moi ou étais-je rapetissée par la terreur que je muselais pourtant si fort?

Qu'importe, relever les yeux et le faire. Très vite. Regarder encore une fois avant le pas qui me rapprocherait de la défaillance. 

ET je l'ai vu, debout, seul au milieu de l'avenue. Homme massif et sombre, indifférent à ma présence, dégageant une puissance de forcené. Comme dans d'autres cauchemars, non plus couché sur moi, sans me voir, à l'affut d'autres ombres à contour d'homme. Sous son poids, me laissant que le possible de survivre dans un souffle infime en attendant qu'il s'en aille. Départs qui arrivaient pour clore la terreur secrète, redonner la pensée et la force de remplir mes poumons et refouler de bruyants sanglots que je ne laissais jamais s'échapper. A peine un gémissement avant de m'enfoncer dans un sommeil salvateur. 

J étais sur le trottoir à l'angle de la petite rue. 

- Que faisait-il à ne pas sembler me voir?

Malgré l'intensité de mes craintes à sa découverte, il me sembla qu'il était esseulé. loin de tout. 

Je décidai de ne pas faire cas de sa présence et de commencer mon travail d'éboueuse de canniveaux de la ville sans passants, sans chiens, sans vieux, sans enfants, ou même les maisons n'embellissaient pas les avenues. 

Je m'approchai le bras tendu, la gorge nouée, les paupières en fentes serrées à ne rien voir pour m'emparer du premier serpent que ma main attraperait. 

Et rien, elle ne trouvait rien sinon la chaleur du sol de cette nuit estivale. Encore un tâtonnement, un autre. Tout avait disparu. 

Je relevai les yeux à la recherche de l'homme ombre et je le vis s'éloignant , un gros sac noir sur le dos. C 'était lui. Il avait tout ramassé. La rivière de serpents s'était engouffrée à l'intérieur de son sac . 

Je sus que je commençais à l'aimer. 

Me relevant de ma position de chasseuse de reptiles , sensible et fatiguée, quand je perçus un glissement, un frôlement infime. Quelque chose ou quelqu'un était derrière moi et ce son que je ne reconnaissais pas m'avait mise en état d'alerte. Je me retournai sachant que je ne pourrais m'enfuir sans savoir qui ou quoi élevait ma terreur de ce bruit si particulier. 

Et j ai vu. Vu au-dessus de ma tête, ses yeux qui me regardaient. Sa tête majestueuse, belle et déployée, ses écailles émeraudes. 

- Un Naja, balbutiais-je. Sa tête penchée vers moi et la mienne levée vers lui. 

Sept mètres, il fait sept mètres. Son corps fluide se devinait dans l'obscurité. Mes sens mesuraient. La peur en moi comptait trois mètres cinquante au sol et trois mètres cinquante en l air. 

Le Naja sourit, il me sourit . Je jure, je jurerai toute ma vie. Il a souri et ses yeux me dirent:

- Tu m'as vu et pourtant tu n'aurais pas du me voir. C est bien. Va et ne te retourne pas.    

Et il disparut. 

Quelques secondes, au bout de la petite rue qui se terminait par une entrée en forme d'arc, je vis un jardin d'arbres rayonnants de couleurs intenses. Des verts lumineux au rouges flamboyants, entachés de traits du soleil. Et je vis aussi qu'il n y avait pas de murs. 

Avant de me retourner, je tapissai mon coeur de ce décor absurdement merveilleux. 

 

 

 

 

 

 

 

3 octobre 2017

Ciel de nuit

Hier encore, je me demandais comment j allais concilier ce qui me tourne à l intérieur depuis si longtemps.  Et, j'ai rêvé ...

...Je marche dans de hautes herbes , belles, vertes et ondoyantes. Devant moi, à quelques mètres un homme marche aussi, plus rapide que je ne peux le suivre. Je presse le pas pensant qu'il connait l'endroit. Nous cheminons l'un derrière l'autre vite, toujours plus vite. Il ne semble pas se rendre compte de ma présence. Sans bruit, je pose avec effort mes pas dans ses empreintes laissées sur le sol spongieux. L'air est humide, chargé des senteurs de la journée. La lumière du ciel s'éloigne. Je m'enfonce dans l'obscurité naissante, sans pensée, essouflée à ne pas le perdre de vue. 

Abruptement, sans douleur, je tombe. Le vide. Le cri muet. Mon corps s'agrippe à la branche d'un arbre dénudé et je reste pantelante, effrayée, accrochée. 

J'ai chuté d'une falaise. 

Lui, devait connaitre ou poser le pied dans les interstices de cette roche friable. 

Un mal de mer me submerge, envie de vomir. 

La branche est ronde sous mon ventre, elle est rude et nue. Je me colle à elle. Je veux reculer vers le tronc. Mon corps se laisse glisser vers l'avant. Valse folle dans ma tête, dans les tripes. J'ai peur, je ne comprends pas. Je veux le vertige, que tout redevienne comme je sais les choses. Mon dieu, le vertige et je saurai que faire.  

Au fond de moi, je sais bien que je ne saurai pas. C est si haut , si noir. L'air est impalpable, n'existe plus. Je ne respire plus. je suis la sangsue accrochée à cette jambe levée. Je me liquéfie contre elle pour être sa substance, pour exister soutenue. Je regarde la nuit, le noir. Absolu, éternel. La lune est partie. Il me vient que c'est un cauchemar. un vilain rêve de petite fille qui s'en va rôder le jour, seule dans la campagne interdite. 

Je veux m'en aller. Je veux me calmer, descendre de cette branche. l'odeur de l'arbre me pénètre, sa solidité s'installe sous mes mains, sa dureté pose ma poitrine, détend mon ventre. Mes cuisses et mes jambes se remettent à vivre, à se repérer. Elles vont à nouveau me servir. La tension qui m'étreint me lâche dans un accès de nausée. Une stabilisation douce, subtile.

Souffle. 

L'arbre frémit, la branche bouge. Je vais tomber, m'écraser d'une hauteur que je ne connaitrai jamais. Je me sens mourir avant de comprendre. Mon corps glisse à nouveau, trop vite. Je sens tout ce qui blesse. La rugosité, les noeuds, l'écorce noire. les excroissances. Je vois la non vie de cet arbre presque endormi pour son hiver. Les herbes folles et la chute définitive des feuilles. C est inimaginable, je vais me réveiller. 

Le sac que je retenais encore m'échappe. J entends le bruit tout proche de sa chute. 

La confiance s'élève en tourbillon. Un sourire au coeur des larmes. L'aube se lève. Il fait doux, l'air sent  bon. Je suis calme et je saute à terre. 

Personne à ma vue. Pourtant, je sais que plus loin, passée la lande de terre nue, il y a les autres, les miens. 

 

De sa ronde écriture, ma mère avait déposé sur un papier de soie , son tourment et son rêve au printemps de sa maladie. 

 

2 octobre 2017

J'eux

L'enfant du Tiers-Monde

L'homme du beau monde 

Cherchent-ils la même onde?

          L'enfant s'élance les pieds nus

          L'homme s'avance le corps vêtu

          Sentent-ils la pulsion inconnue?

Le caillou la branche le sable, le rien

Le savoir le pouvoir l'argent, le bien 

Du tout à son absence, y a-t-il lien?

          Le coeur défonce la poitrine

          Faible forte sèche ou fine

          Qu'importe! le martèlement s'affine

L'enfant, la vie son seul bien

L'homme, la mort son seul frein

Qu'importe! le martèlement retient.

          L'enfant du Tiers-Monde aime

          L'homme du monde aime

          Sont-ils les mêmes? 

Je Eux Moi! Eux!

Mes yeux voient leur jeu

 Suis-je entre les deux?

          L'enfant, son caillou, sa passion

          L'homme, ses bijoux ses actions

          Moi, l'entre-deux! Emotion..

Le jeu affole mes sens

La faim perd son sens.

Qu'importe! Mouvement naissance 

          Toute petite, ma tendre poupée

          Plus tard, mes amants mes bébés

          Bientôt, une marguerite, un pré.

La joie l'amour le jeu, j'ai foi

L'enfant fou vit en moi

L'homme dépose ses émois.

          J'ai joué aimé rêvé donné 

          J'ai rêvé aimé joué osé

          Le monde a joui de mes péchés.

L'homme l'enfant m'enseignent 

Le bonheur simple riche m'imprègne 

Leurs rires légers dorés s'éteignent .

          Je suis seule à entreprendre 

          Il est tard pour apprendre 

          Il est tôt pour comprendre. 

Le jeu sublime les sens 

La faim est son essence 

La mort a du sens quand il s'achève.

          

 

 

25 septembre 2017

Fin de soirée, je suis arrivée à "Mes Histoires"

Il est tard !

En dérivant et bataillant sur l'ordinateur, la frontière du blog est franchie. 

J ai besoin de dormir et de rêver d'une histoire toute simple.  

L'appartement est silencieux.

Au loin, la vallée s'enfonce dans la nuit.  

Belle ombre portée à mes souhaits. 

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